lundi 31 mars 2014

Jour 9 : Repos + Troisième nuit d'observation (mer. 1er jan. 2014)

En ce premier jour de l'année, il est temps de prendre un peu de repos : une grasse matinée (enfin vu l'heure à laquelle je me suis couché, je ne sais même plus s'il faut appeler ça comme ça :-o). Puis, après un bon petit déjeuner, ca sera discussions, calcul d'une ou deux photos, échange avec Nadine à propos du geocaching et préparation de la nuit à venir.

La nuit sera d'ailleurs assez bizarre... des observations au début de la nuit, avec prise des photos du Petit Nuage de Magellan et de Jupiter, voir ci dessous ; puis dodo ; puis réveil à 04:50 du matin (si si) pour photographier Saturne (voir plus loin).

Le but était que tout devait être prêt pour le départ à 07:00 vers l'Observatoire Gémini (voir article suivant).


Je reviens sur les photos du ciel.

En astrophotographie, comme pour les photos « normales », on est passé au numérique ! Comme pour les photos de paysage ou du petit dernier fêtant son 5è anniversaire, cela n'a plus grand chose à voir avec les photos d'il y a 20 ans en argentique. Mais en astrophotographie, comme on essaie de capter des choses très faibles, il faut « aider » les appareils photos en travaillant (on dit en « traitant ») les prises de vues avec de nombreux logiciels.

Il existe de nombreux types de photos astronomiques, on peut citer :
  • les portions de ciel prises avec un appareil numérique sur un pied : on prend plusieurs photos de durée assez courte (sinon, on voit des traits correspondant au déplacement apparent des étoiles dû à la rotation de la Terre) et on « additionne » les photos les unes aux autres pour augmenter l'information capturée par l'appareil.
  • les mêmes mais prises avec l'appareil couplé à un télescope : on ne se sert du télescope que pour que l'appareil « suive » l'objet qu'on veut photographier : ça permet d'augmenter les temps de pose et de faire des combinaisons différentes
  • bien sûr celles prises avec un appareil numérique à travers un télescope : cela permet de capturer non pas des portions de ciel ou d'énormes objets, mais de petits objets et de les détailler.
  • les photos des planètes, de la lune et du soleil qui sont souvent faites non pas avec un appareil photo mais avec une caméra et un film ! On y reviendra.

La photo de la Croix du Sud que vous avez vu dans l'article sur le 30 décembre ou celle du Grand Nuage de Magellan de l'article du 31 correspondent au premier type : un champ d'étoiles.

Bien sur la taille du champs dépend de la focale de l'objectif. Plus la focale est grande (plus on zoome) et plus le champ est petit. Plus la focale est petite (grand angle) et plus le champ capturé sera large.

La quantité d'étoiles et de détails sur la photo vont dépendre principalement de deux choses : le temps de pose cumulé (cumulé puisqu'on fait plusieurs poses qu'on combine) et la qualité de l'optique (qualité des lentilles proprement dites et ouverture de l'objectif).

Enfin, le traitement informatique de l'image va « tout changer ». Remarque pour traiter les photos, on les prends dans un format particulier appelé « brut » et pas en format « jpg » comme vos photos de vacances !


Revenons à la photo de la Croix du Sud. Elle a été obtenue en combinant 80 prises de vue de 6 secondes chacune. On obtient donc le même résultat que si la prise de vue avait duré 8 minutes ! Pour les spécialistes, l'objectif était un 50 mm ouvert à F/1.4.

Avec une bonne qualité une photo en jpg, pèse environ 4 M octets. La même en « brut » : 20 M octets. Donc les 80 photos, ces 160 M octets de données... Comme il faut ajouter deux autres séries de photos (des toutes blanches et des toutes noires) c'est même encore plus ! Quand je pense que mon premier PC avait un disque de 10 M octets -hi hi hi-.

Le calcul de la photo "empilée" dure plusieurs dizaines de minutes avec seulement 80 photos unitaires ! On utilise un utilitaire gratuit écrit par un passionné. Y a tout de même intérêt à avoir un bon PC :-) !

Le traitement de la photo obtenue se fait à l'aide d'un logiciel type "photoshop" (encore une quinzaine de minutes pour les peu entrainés comme moi).

Et enfin les traitements de détails (toujours avec "photoshop") peuvent prendre plusieurs heures.
Je ne me suis pas encore essayé à ce type de traitement... restez à l'écoute !!!

Voici le résultat sur un troisième objet : le Petit Nuage de Magellan (comme pour son grand frère : 70 prises de vue de 6 secondes, objectif 50 mm, ouverture F/1.4) [ph. 1].



L'avantage de ce genre de prises de vue, c'est qu'on peut s'en servir pour les monter de façon différente. Par exemple, si je reprends les photos qui ont servi à faire la Croix su Sud [ph. 1], on peut prendre un autre logiciel et au lieu de les empiler, on ne les recadre pas... du coup, cela donne un petit film qui montre le "mouvement" des étoiles [film 1].
Remarque : le site du blogue passe par YouTube ce qui donne une qualité très moyenne si on met le film en plein écran. J'essaierai de trouver une solution un peu plus tard.

On peut également empiler les photos mais sans les aligner [ph. 1], dans ce cas on obtient une "trainée" pour chaque étoile.

Et si on compile les deux techniques, on obtient un film où on voit les "trainées" se construire [film 2].
Même remarque sur la qualité du film, via ce blog.




Allez zou, passons à une autre technique : la "photo" planétaire avec une caméra. Oui, oui, vous avez bien lu.

Au lieu de faire une photo, on va filmer la planète à travers le télescope.

Une fois le film capturé par la caméra, on va le traiter avec un logiciel spécialisé qui va séparer chaque image du film puis va les aligner les unes avec les autres pour obtenir une seule image fixe.

Comme toujours, on l'améliore un peu et hop...

Les photos ci-dessous montrent la caméra utilisée : une DMK41 : toute seule [ph. 1] et sur en position (sur du "gros matos") [ph. 2]. La capture des films a été faite avec un PC et le logiciel "IC Capture" [ph. 3].



Ci-après vous trouverez une capture que j'ai pu faire de Jupiter [film 1], une photo que j'en ai tirée  [ph. 1] (conseil : ne mettez pas le film en plein écran : ce site le passe sur YouTube et la définition n'est pas très bonne... ce qui compte c'est que voyez la "mauvaise" qualité du film et ce qu'on arrive à en tirer... moi je trouve ça bluffant !).

  Sur la photo, on retrouve la Grande Tache Rouge (en bas à gauche du disque). Il s'agit d'un cyclone présent dans l'une des "bandes" de l'atmosphère de la planète. Les vents y soufflent à plus de 700 km/h et sa taille est... comment dire... gigantesque... : la longueur ? 25 000 km (2 fois le diamètre de la Terre) ; sa largeur ? 12 000 km (soit le diamètre de la Terre). Il a été observé pour la première fois en 1655 et il est là depuis ! On voit aussi deux satellites des quatre gros satellites.
  Quelques chiffres sur Jupiter : C'est la cinquième planète du Système Solaire et la plus grosse.
Son diamètre est environ 11 fois plus gros que celui de notre planète.
Elle est 5.3 fois plus loin du Soleil que la Terre.
Du coup, elle fait un tour autour du soleil en environ 11.9 ans.
Elle possède 67 satellites (quand j'ai commencé l'astronomie, on en connaissait environ 15 !).
Même s'ils sont beaucoup moins impressionnants et connus que ceux de Saturne, Jupiter possède aussi des anneaux.
Particularité, habituellement (et si on excepte le soleil et la lune), il n'y a que la planète Vénus qui est plus brillante que Jupiter dans le ciel.

Plus d'informations : ici



Même chose pour Saturne [film 2, ph. 2].

  Sur la photo, on retrouve la Division de Cassini. Il s'agit du principal espace qui semble couper l'anneau en 2 (en réalité les anneaux sont beaucoup plus complexes que ça et il y a de multiples "trous" entre eux, mais celui là est le plus important). Cette "division" a été observée pour la première fois en 1675 par Jean Dominique CASSINI. Le "trou" mesure environ 4500 km de large.
  Quelques chiffres sur Saturne : C'est la sixième planète du Système Solaire et la deuxième plus grosse.
Son diamètre est environ 9 fois plus gros que celui de notre planète.
Elle est 9.5 fois plus loin du Soleil que la Terre.
Du coup, elle fait un tour autour du soleil en environ 29.5 ans.
Elle possède environ 200 satellites (quand j'ai commencé l'astronomie, on en connaissait environ 15 !), dont 150 très petits.
Particularité, sa densité est de 0.7, cela veut dire que si on pouvait la poser sur un océan d'eau... elle flotterait !

Plus d'informations : ici

Remarque : les photos sont très loin d'être des modèles de réussite, mais bon, elles ont été faites dans la précipitation (voir plus bas), avec du matériel que j'utilisais pour la première fois et c'était un premier essai !! Donc je me contente du résultat :-).

Le film de Saturne semble beaucoup plus "bougé" (ce qui donne une photo beaucoup moins nette car la planète était beaucoup plus basse sur l'horizon et il y avait donc beaucoup plus de turbulences (agitation de l'atmosphère).

N'oublions pas non plus que Saturne a un diamètre apparent plus de deux fois plus petit que celui de Jupiter...




Je termine cet article par 4 photos du site de l'Hacienda des Etoiles que nous quittons avec regret. ces trois jours sont passés à une vitesse folle. C'était un choix pour un premier voyage. Ce compromis nous a permis de découvrir plein d'autres choses, donc je ne regrette rien, mais clairement, si nous étions resté une semaine entière, il y n'y aurait pas eu une minute de trop :-).



Je remercie encore une fois Nadine et Raymond pour leur accueil chaleureux dans ce petit paradis chilien. Je n'oublierai jamais cette expérience et ce séjour.


mardi 18 mars 2014

Jour 8 (partie 2) : Deuxième nuit d'observation (mar. 31 déc. 2013)

Le ciel est toujours magnifique. Il est 01:45, il fera nuit jusqu'à 04:45 où l'aube commencera à gâcher le ciel.

Cette fois on va utiliser le Celestron C14 [ph. 1 et 2] au lieu du Dobson.

Le principe de l'instrument étant très différent [ph. 3].

L'image est également différente : le champ est plus petit, les grossissements sont plus impressionnants.

Par exemple, la grande nébuleuse d'Orion ne rentre plus du tout en entier dans le champ, mais les détails sont bluffants. L'image qui me marque le plus c'est la nébuleuse de la Tarentule. J'y reviendrai quatre fois dans la soirée !



Je n'ai jamais eu l'occasion de manipuler un tel instrument. C'est simple mais le poids est important. Il faut donc y aller doucement pour passer d'une observation à la suivante. On attrape le tube par des poignées situées de part et d'autre, à l'arrière du télescope, on se croirait en train de manipuler un canon de DCA (mais bien plus pacifique!).

Autre grande différence avec le Dobson, cet instrument est motorisé. Cela signifie qu'une fois la galaxie ou la nébuleuse « attrapée », la « machine » tourne progressivement pour compenser la rotation de la terre sur elle même.

  Quizz : pour suivre la rotation de la Terre, en combien de temps le télescope doit il effectuer un tour ? 24 heures ?

Réponse : non, pas exactement. En 24 heures, la Terre avance sur son orbite autour du soleil ! Du coup, en une année de 365.2422 jours, la terre a tourné 366.2422 fois sur elle même (1 fois de plus que de jours).
Il ne faut donc que 365.2422/(365.2422+1) jours = 23 h 56 m 4 s pour qu'une étoile soit vue dans la direction où elle était la veille.
C'est ce qu'on appelle un Jour Sidéral (basé sur les étoiles) et pas un Jour Solaire qui, lui, fait 24 h.


J'ai décidé de refaire les observations d'hier mais avec ce nouvel instrument. Ca ne sert à rien de multiplier les cibles, autant pouvoir comparer.


Jupiter est à couper le souffle. Les bandes sont encore plus nombreuses, plus découpées et plus nettes que dans le Dobson.

Les trois images ci dessous (provenant du Web) montrent Jupiter photographiée par un amateur [ph. 1], par la sonde Cassini [ph. 2] et par le télescope spatial Hubble (la montrant en train d'éclipser une de ses lunes : Ganymède) [ph. 3].



J'ajoute un objet injustement oublié hier : Oméga du Centaure  [ph. 1 et 2]. Il s'agit du plus bel amas globulaire que le ciel puisse proposer. Pour comparer avec celui qui nous avait déjà bien secoué hier soir (47 Toucan) on regarde ce dernier. Hier, il nous semblait magnifique, mais aujourd'hui il n'est vraiment plus qu'à la deuxième place (mais je vous rassure, je serais prêt à me refaire 13 heures d'avion pour retourner le voir !).


  Comme son "copain" (Toucan 47), cet objet est situé dans notre galaxie, il se trouve lui aussi à 15 000 années-lumière.

C'est un très vieil objet : 12 milliards d'années ! (l'univers a environ 15 milliards d'années et notre soleil en a 4.5 !)


Pour compléter notre bestiaire céleste, il faut qu'on regarde une étoile multiple.

  Une étoile multiple est un système habituellement constitué de deux étoiles qui tournent « l'une autour de l'autre ».
Il y en a beaucoup dans le ciel.

On choisit l'étoile principale du Centaure. Ce système a trois particularités :
  • il n'est pas double mais triple, ce qui est plus rare
  •   Attention l'échelle entre les deux étoiles principales A et B et la troisième C n'est pas exactement la même.

    A et B tournent autour l'une de l'autre en 80 ans alors que C ne fait un tour autour du système A+B, qu'en 500 000 à 2 000 000 d'années !

    De même la distance entre A et B varie entre 11 et 37 fois la distance entre la terre et le soleil ; mais entre A+B et C, il y a 13 000 fois la distance entre la terre et le soleil !! Cela se voit même dans le ciel : à l'œil nu, impossible de distinguer A de B, mais C n'est pas collé. On dit que les 3 forment un système car elles se déplacent dans la même direction et à la même vitesse.
  • la troisième étoile (Alpha Centauri C) porte un nom particulier : Proxima. Pourquoi ? C'est tout simplement l'étoile la plus proche de nous : 4.6 années-lumière ! Pour rappel, le soleil est situé à 8.3 minutes-lumière : Proxima est donc presque 300 000 fois plus loin que le soleil !
  • elle (en réalité la deuxième étoile -B-) possède au moins une planète. Même si on pense désormais que la présence de planètes autour des étoiles est assez commune, nous n'en connaissons qu'environ 1000 de façon certaine aujourd'hui, dont celle là.
Les photos ci dessous montrent :
  • la position des trois étoiles A et B (qui se confondent en une "étoile double" et la C (proxima) beaucoup plus éloignée) sous forme d'une carte  [ph. 1] et en photo [ph. 2]
  • les tailles relatives des 3 étoiles Alpha Centauri A, B et C (Proxima) ainsi que la taille de notre soleil et aussi la petite exo-planète Bb [ph. 3]
(rendez vous lors de la 3è nuit pour une photo perso :-)... si si !)


Comme la nuit est maintenant très avancée, Mars est observable.

Mars est la quatrième planète du système solaire. Elle est souvent présentée comme la soeur de la Terre (même s'il y a énormément de différences entre les deux). Elle a toujours fasciné les hommes. En fonction de sa position et de celle de la Terre autour du soleil, leur distance varie entre 55 et 401 millions de km (8 fois plus) ! Du coup son diamètre apparent varie du simple au septuple. Ce soir, son éloignement de 250 millions km font d'elle une cible assez décevante.

En dédommagement, je publie quelques photos du web :
  • Mars photographiée par un amateur (la région très brillante est une calotte polaire (glace)) [ph. 1]
  • Mars vue par le télescope spatial Hubble [ph. 2]
  • Surface de mars vue par un rover posé à la surface [ph. 3]



Un peu plus loin une troisième planète s'est levée : Saturne.

Saturne pour un astronome, c'est un peu comme une truffe pour un amateur de champignons ou le plus beau gateau dans la vitrine du patissier pour un gourmand:-).
Vous voulez « calmer » quelqu'un qui n'a jamais mis un oeil derrière un télescope ? Montrez lui Saturne ! Demandez à 100 astronomes leur premier souvenir marquant ? Plus de deux sur trois citeront Saturne.

Alors que le C14 tourne vers Saturne je m'attends à un petit choc et PAN, croyez-moi, c'est un gros.

L'image est grandiose, Saturne flote, « son » anneau autour de son équateur.
(rendez vous lors de la 3e nuit pour une photo perso :-)... si si !)

En attendant, j'ai choisi quelques photos du web (et le choix n'a pas été facile) de la planète aux anneaux :
  • Saturne photographiée par un amateur [ph. 1]
  • Saturne vue au télescope de 1 m du Pic du Midi [ph. 2]
  • Saturne vue par la sonde Cassini [ph. 3]
  • Détails des anneaux de Saturne vus par la sonde Cassini [ph. 4]
  • Titan (principal satellite de Saturne) en fausse couleurs, mélangeant plusieurs longueurs d'ondes [ph. 5]
  • Titan : détail de la surface. Les zones en bleu sont interprétées comme des lacs d'hydrocarbure ! [ph. 6]



04:45 : les trois heures d'observation de nuit sont passées : le ciel s'éclaircit.
La trainée de la Voie Lactée a disparu, les étoiles s'éteignent petit à petit. Les plus grosses font de la résistance mais notre bon vieux soleil va gagner sa partie, comme chaque matin.
Environ 1 heure 30 d'aube. Le spectacle est à la hauteur.


Avant de finir cet article, je vous livre comme promis un cadeau : au cours de la nuit j'ai fait une nouvelle série de photos : le Grand Nuage de Magellan [ph. 1].
Comme pour la photo de la nuit dernière, il s'agit d'une image recomposée avec 70 photos (pose totale 7 minutes), objectif 50 mm, ouverture 1.4.
J'essaierai de faire un deuxième traitement plus complet dans quelques temps pour l'améliorer encore un peu (restez à l'écoute).



A 06:15 je dors... enfin ! Ca, c'était de la journée, croyez-moi !


lundi 17 mars 2014

Jour 8 (partie 1) : Excursion dans le passé (mar. 31 déc. 2013)

Malgré l'heure à laquelle je me suis couché, 4 heures plus tard, je suis réveillé, non pas que le lit soit mauvais (bien au contraire) mais je suis excité comme une puce.

J'en profite pour recopier quelques pages de mon journal. Puis pour calculer la première photo en mode accéléré. Comme je le redoutais, les nouvelles ne sont pas toutes bonnes.

Après un solide petit déjeuner, je sors faire quelques photos du paysage [ph. 1 à 3] et de l'Hacienda [ph. 4 et 5].



Un peu plus tard, nous remontons dans le 4x4 pour partir vers le Pacifique.
Hé, hé, je ne pensais pas que nous referions le chemin aussi vite :-) mais la raison est bonne, nous partons visiter le parc Fray JORGE et la Vallée de l'enchantement (Valle del Encanto), tout un programme, non ?

Comme hier, il y a certains passages un peu délicats (en tout cas, pour moi) mais avec Raymond au volant, on passe de partout.

On repère un oranger couvert de fruits, idem pour un grenadier. Devant ça discute plantes, légumes, fruits et arbres :-).
Une maison arbore un drapeau chilien. Raymond nous dit qu'il a été mis là pour la fête nationale, le 18 septembre... nous sommes deux mois et demi plus tard !!!

On appelle le drapeau chilien "L'étoile Solitaire" (la estrella solitaria).

Voici ce qu'en dit l'ami Wiki :
- le rouge représente le sang des patriotes ayant lutté pendant l'indépendance.
- le blanc représente la neige des Andes.
- le bleu représente le ciel.
- l'étoile insiste sur l'unité de la république (à l'inverse d'une république fédérale).

Pour ne pas le confondre avec celui du texas, la partie bleue du drapeau national chilien est carrée et ne "mord" pas sur la bande rouge !



Même si on semble loin de tout dans ce désert minéral, les fermes aux alentours ont tout de même une école primaire à disposition. Mais comme partout le collège est loin. Beaucoup d'équipements ont été sponsorisés par l'Etat chilien qui aide ces régions un peu moins loties que les autres : par exemple des abris pour les chèvres ou des cultures en escalier.

La vallée regorge toujours autant de cactus [ph. 1 et 2]. Leur aiguilles font une dizaine de centimètres de long (aië).

On rencontre quelques habitants qui marchent le long de la route. Tout le monde se connaît. A chaque fois, on tape la discute. Entonnant de voir quelqu'un marcher 3 kilomètres à pieds sous un soleil de plomb pour aller chercher une botte d'herbe pour ses bêtes, alors que chez nous, certains prennent la voiture pour aller chercher une baguette de pain à 500 mètres de la maison !

Un perroquet nous salue ; puis on remarque un cactus rigolo : le cactus « sauteur » (car il s'accroche aux pantalons quand on marche près de lui)  [ph. 3, issue du web]. Ici il reste tout petit, mais rapporté en France et arrosé un peu plus, il se développe à vitesse grand V.


Après une courte pause à Ovalle, on reprend la route (la « vraie »). Ici l'irrigation a fait des merveilles : tout est planté : vignes, arbres fruitiers, oliviers. Au loin, en comparaison, les montagnes sont pelées.

Les petits personnages en paille qui brûleront cette nuit sont partout : le moindre patelin a le sien.


Sur la panaméricaine, on trouve les cultures d'amandiers les plus extraordinaires que j'ai jamais vues : des kilomètres de long.

Notre première cible était le parc national Fray JORGE (je vous conseille de vous entrainer à prononcer le nom de famille avec l'accent espagnol... ou là là ! ).

Il s'agit d'un espace de 100 km2 dans lesquels, 4 petits km2 jouissent d'un micro climat qui lui a permis de se couvrir d'une flore luxuriante. Ici, au Chili, au milieu de ces zones semi-désertiques, il nous est promis la jungle (ou presque !). Mais... arghhhhhhh... déception.... en raison des fêtes, on trouve porte close.

  Vous pouvez trouver plus d'information sur le parc Fray JORGE : ici.


Ca sera donc le plan B : la Vallée del Encanto.

On passe à nouveau par une énorme plantation : cette fois c'est du noyer !
De temps en temps on passe près (ou dans !) une rivière... et là... la magie de la vie s'opère [ph. 1 et 2] !



La Vallée del Encanto est une magnifique surprise. Il s'agit d'un parc protégé (d'environ 4 ha) dans lequel, perdus au milieu d'une superbe végétation [ph. 1 à 5]. On trouve des roches et des rochers qui témoignent du passage à cet endroit d'habitants. Ces vestiges n'ont été découverts qu'en 1946 et le site a été classé monument national en 1972.



Ces vestiges sont :
  • des pétroglyphes (petroglifos) : des gravures sur pierre [ph. 1 à 5]. Remarquez sur la [ph. 4] ce qui est interprété comme la gravure d'une comète.

  • de pictographes (pictografias) : des peintures rouges sur pierre [ph. 1 à 4].

  • des pierres tacites (piedras tacitas ou morteros) : des trous de forme cylindrique au fond arrondi [ph. 1 à 6].


Ces traces ont été faites par les Molles (prononciation : « moïé »).

On a trouvé des restes de plantes au fond de certaines pierres tacites, mais aucune trace d'habitation. Cela pourrait signifier qu'il s'agissait d'un site de cérémonie et pas d'un village. Les datations parlent du VIIe siècle après JC. Mais d'autres traces plus anciennes ont été repérées. Elles ont été laissées par des groupes de chasseurs-cueilleurs, il y a environ 4000 ans. Ce lieu a toujours dû avoir une importance particulière car l'eau y coule toute l'année, même en période de sécheresse.

Toutes les représentations que nous verrons sont soit géométriques soit humaines. Il n'y a pas d'animaux.

Les pierres tacites sont vraiment une curiosité. Chaque trou fait entre 10 et 15 cm de diamètre et 4 à 8 cm de profondeur. Ils sont regroupés en figures géométriques. On ne sait pas vraiment à quoi servaient ces « trous ». Certains y voient des représentations célestes, mais rien n'est sur. Nous nous baladons dans les site en suivant un petit sentier. Il y a une roche intéressante tous les 10/20 mètres.

Etrange que les chiliens ne fréquentent pas plus ce lieu. Il semble que la majorité des visiteurs ne viennent que pour y faire des pique-niques familiaux. En tout cas, ça fait bien notre affaire : il y a beaucoup moins de monde que lors d'une visite des jardins du Château de Versailles !

On progresse au milieu d'un environnement très minéral [ph. 1 à 5] mais dont les cactus ne sont jamais très loin. Un petit lézard [ph. 6] nous rappelle que malgré les conditions difficiles, des animaux sont là.




En plus des cactus [ph. 1 à 3], on trouve quand même quelques plantes [ph. 4 à 7]qui ont su profiter du peu d'eau et s'accommoder de la chaleur suffocante qui règne ici presque toute l'année et surtout en été.




En ressortant du parc, nous nous arrêtons au poste de garde. Le nouveau « ranger » est un ami de Raymond. Nous discutons et en apprenons un peu plus sur le site.

Retour vers Ovalle. En attendant Nadine, l'épouse de Raymond, nous faisons un tour dans la ville. C'est juste désert, irréaliste : tous les habitants sont chez eux ; bien sur, c'est le réveillon ! Un homme attire bien vite notre attention, en pleine rue, il propose aux rares passants de regarder dans un télescope ! Incroyable ! Moi je trouve que c'est une super idée. Pour avoir animé (plus jeune) des soirées d'initiation, je sais que si on arrive à captiver quelqu'un, il est super facile de le faire rêver et 5 minutes après avoir commencer, vous voyez des étoiles... s'allumer dans ses yeux :-).

Nous nous arrêtons sur la place principale pour y boire un jus de fruit préparé par une loquace colombienne avec laquelle nous devons presque nous battre pour qu'elle ne rajoute pas une dose pantagruélique de sucre dans le jus de fruit, à la mode chilienne :-). Juste à coté trône un magnifique arbre de Noël [ph. 1 et 2]... il fait pourtant 25 degrés (hi hi hi).



Malheureusement le bus devant ramener Nadine a beaucoup de retard, nous remontons de nuit vers l'observatoire.

A minuit pile, nous sommes sur la route, et nous voyons le premier "monsieur de paille" partir en fumée (désolé, je n'ai pas de photo, quel âne !).
Autour de lui des gens (jeunes et moins jeunes), boivent un coup et chantent. Ca y est, pour les fétichistes des nombres on a "basculé" dans la nouvelle année (j'ai toujours adoré cette expression !!). Dans le village d'après un autre brule, puis deux, puis trois. On en voit aussi dans les cours de certaines habitations un peu en dehors de la route :-).


On attaque la montée sur la route en terre.

Arrivés à la maison, je ne comprends pas d'où Nadine tire assez d'énergie pour nous préparer un repas de réveillon, après un voyage de 30 heures depuis le sud-ouest de la France via Madrid, Lima et Santiago ! Toujours est-il qu'à 01:00 nous sommes en train de boire une coupe de Champagne au Chili (ok ok, je n'ai pas changé, donc pour moi, ça sera un jus de fruit ! hi hi). Bonne année 2014 et un coup de chapeau à nos deux hôtes !!!

Après s'être restaurés, il est temps de passer aux choses sérieuses... retour vers les étoiles.