Quelques notions sur les instruments :
Pour rappel, en astronomie, on utilise deux grandes familles d'instruments :
Bien entendu, plus le diamètre de l'instrument est important, plus il collecte de lumière et donc plus on peut voir des choses détaillées et de faible luminosité.
- les lunettes : la lumière passe à travers des lentilles.
En anglais on parle d'un refracting telescope.- les télescopes : la lumière est réfléchie sur un miroir.
En anglais on parle d'un reflecting telescope.
Les télescopes peuvent être construits selon plusieurs principes de parcours de la lumière (Newton, Schmidt-Cassegrain, etc.). Les noms sont souvent ceux de l'inventeur du principe.
Il existe des livres entiers sur les instruments d'astronomie, tant amateurs que professionnels. Ce blog fait donc seulement un survol "stratosphérique" du sujet :-).
Un court mais très instructif article de Wikipédia décrit les types de télescopes : ici.
Autre élément important : la monture.
Le télescope ne tient pas tout seul : il faut une monture pour le supporter. Il existe deux types de monture principaux : la monture azimutale et la monture équatoriale.
Kézako ? Facile :
- la monture azimutale [ph. 1] bouge sur deux axes :
- vertical : elle bouge de droite à gauche
- horizontal : elle bouge de bas en haut.
- la monture équatoriale [ph. 2] bouge sur autres deux axes :
- l'axe vertical est "penché" pour pointer le pôle nord céleste (projection sur le ciel du pôle nord terrestre) et le pôle sud céleste (projection sur le ciel du pôle sud terrestre).
- l'axe "horizontal" est lui aussi "penché", à 90° du premier : il permet toujours à la monture de bouger de bas en haut.
La motorisation
Comme on l'a vu, les objets célestes ayant un mouvement apparent (encore une fois, c'est la terre qui tourne sur son axe :-) ), si on veut faire un observation longue, il faut faire bouger la monture pour que l'instrument "suive" ce qu'on observe.
Après l'invention de la monture équatoriale on a très vite motorisé l'axe polaire : l'affaire était pliée. Avec le temps on s'est contenté d'améliorer cette même motorisation. C'est toujours le cas avec la plupart des instruments amateurs.
Mais avec le temps, la "vieille" monture azimutale a repris du poil de la bête... son avantage est mécanique... sans entrer dans les détails, c'est plus simple à installer et des fois moins acrobatique. Par contre, il faut un ordinateur pour piloter la chose (on combine un mouvement horizontal et un mouvement vertical pour créer un mouvement oblique !) : adieu la mécanique de papa. C'est le principe qui est retenu dans les très grands télescopes professionnels.
Il existe cependant une sorte de télescope assez spécial car non motorisé : le Dobson.
Les Dobson :
Arf. Drôles de zouaves que ces bébêtes.
- Pas de monture équatoriale : c'est du bon vieux azimutal (rappelez vous ça bouge simplement de bas en haut et de droite à gauche, à l'horizontale).
Gros avantage : pas de "mise en station", c'est à dire d'orientation et de réglage, on le pose par terre et on peut regarder dedans :-) - Pas de moteur. Hein ? quoi ? mais c'est un vieux truc ? non ! pas du tout...
Inconvénient : on ne fait (normalement) pas de photo avec un tel instrument : c'est juste pour les mirettes :-). - Ce sont souvent de gros instruments (celui de l'Hacienda est un 400 mm, c'est à dire que son miroir fait 40 cm de diamètre).
- Il sont un champ visuel large.
Le champ est la taille des objets que vous pouvez voir à travers un instrument ; par exemple une paire de jumelles a un très grand champ vous voyez entièrement la lune et ce qui l'entoure, alors qu'un gros télescope ne vous montrera qu'une petite partie de la même lune.
Avantage : avec un Dobson on peut donc facilement voir des plus gros objets qu'avec d'autres types d'instrument. - Beaucoup d'amateurs les construisent eux mêmes : le support et la monture sont plus simples que d'autres instruments (même si ça reste un instrument d'optique donc précis et même si la pièce maitresse -le miroir- reste complexe).
Le web "pullule" de sites expliquant comment faire :-). - Le "tube" du télescope est souvent non plein : ça permet de le rendre beaucoup plus léger et donc souvent "transportable". Mais des sociétés commerciales vendent maintenant des Dobson avec un tube en métal.
Pour plus d'informations sur ces télescopes, vous pouvez visiter notre vieil ami Wiki : ici.
Ces instruments assez particuliers ont été inventés par un américain : John DOBSON [ph. 1 à 3] qui est décédé entre notre séjour à l'Hacienda des Etoiles et la rédaction de cette page. En effet, il est mort à l'âge de 98 ans le 15 janvier 2014.
Son esprit rebelle (il a bouleversé ce qui se faisait à l'époque en inventant cet instrument très spécial) et altruiste (il voulait que le plus de personnes possible puissent découvrir le ciel profond) a permis d'augmenter considérablement le diamètre des instruments présents dans tous les clubs d'astronomie.
Je vous conseille l'article de Wikipédia sur John Dobson : en français (très succinct) ou mieux, en anglais.
Voici donc l'instrument de l'Hacienda des Etoiles que l'on a sorti de son abri et positionné un peu plus loin. Comme on le voit sur les photos (prises le lendemain), c'est l'exemple parfait et typique du Dobson.
Assez parlé des instruments, revenons à la soirée...
Les premières observations :
La nuit tombe un peu plus, les étoiles commencent vraiment à s'allumer. wawawoum !
Je suis de plus en plus intenable. J'essaie de me maitriser, mais c'est dur de ne pas sauter partout comme un cabri.
Le temps que le crépuscule s'efface un peu plus, on fait quelques réglages sur le télescope (collimation = alignement des miroirs) et puis... on est prêt.
Le ciel... le ciel... argfff... ce n'est plus du tout le même qu'en France !!! J'ai déjà lu ça des tonnes de fois dans des livres. ; je l'ai "vu" dans deux ou trois planétariums ; je l'ai simulé très souvent sur différents programmes sur mon PC mais là... là... c'est en vrai ! "Nom de Zeus" comme aurait dit Christopher LLOYD devant la Dolorean ou bien "Mille milliards de gargouilles galopantes" comme aurait dit Rubeus HAGRID.
Que s'est-il passé ?
Imaginez que vous êtes en France, dehors, c'est l'hiver (ben oui, on y était en décembre), vous faites face à l'Est, sur votre droite, le Sud ; sur votre gauche, le Nord.
Tendez votre main droite à l'horizontale vers le Sud et votre main gauche à l'horizontale vers le Nord. A mi chemin entre votre main gauche et le point qui se trouve au dessus de votre tête (le Zénith) se trouve l'Etoile polaire qui marque grosso modo le pole nord céleste.
Imaginez maintenant qu'avec vos mains, vous puissiez faire glisser le ciel. Votre main droite se lève vers le Zénith, entrainant les étoiles qui se trouvaient plein sud vers le haut et votre main gauche entraine sous l'horizon les étoiles qui étaient au Nord. Vous poursuivez cette "glissade" jusqu'à ce que votre main droite se trouve à 75° au dessus de l'horizon sud (donc presque au zénith) et là... vous êtes arrivés au Chili.
Au Nord, l'étoile polaire (dont on vous a appris à l'école qu'elle était toujours visible... en France) a disparu sous l'horizon. La Grande et la petite ourses ainsi que Cassiopée (le "W") se sont couchées (cela n'arrive jamais au pays du camembert ou des calissons). Mais au Sud, tout ce qui se trouve sous votre main droite... vous le voyez pour la première fois, car en France, ces étoiles et ces constellations ne sont jamais visibles.
Croyez-moi, pour quelqu'un qui lève souvent les yeux vers le ciel, c'est un très grand choc.
En plus de ça, certaines des constellations que vous voyez d'habitude entre l'horizon sud et le zénith ont basculé entre le zénith et l'horizon nord... du coup... elles ont les pieds en l'air. ARGGGGGGHHHHH !
Les constellations
Pour rappel, les constellations sont des sortes de dessins que les hommes ont imaginés dans le ciel.
Elles n'ont aucune existence physique, il ne s'agit que d'alignements utilisés pour se repérer (les étoiles sont "proches", uniquement par un effet de perspective).
Tous les peuples de la terre ont "vu" des choses différentes. Par exemple, les incas, les mélanésiens et les chinois y ont vu des personnages, des dieux ou des animaux qui nous sont totalement étrangers. Mais la civilisation occidentale ayant pour de bonnes et de mauvaises raisons souvent eu le dernier mot, les noms utilisés aujourd'hui universellement sont les noms "européens".
Ainsi, beaucoup de constellations visibles dans l'hémisphère Nord portent des noms de la mythologie grecque : Andromède, Cassiopée, Pégase, Hercule, Orion, etc.
On trouve aussi des animaux bien connus dans nos pays : Cygne, Aigle, Taureau, Poisson.
Et aussi quelques objets "courants" : Couronne, Lyre, etc.
L'hémisphère sud de la terre n'a été "découvert" par les pays occidentaux que récemment. Les grandes expéditions ne datent que du XVè au XVIIè siècle, alors que les grecs et avant eux les babyloniens, les égyptiens et d'autres faisaient de l'astronomie il y a 2 ou 3 millénaires. Les astronomes vont encore mettrent quelques années avant de voyager eux aussi vers ces nouvelles terres et y découvrir et cartographier le ciel. Ils "découvrent" donc ces nouvelles étoiles et les associent en "nouvelles" constellations.
Au XVIIè siècle l'allemand Johan BAYER nomme 9 constellations, principalement avec des noms d'animaux l'Oiseau de Paradis, le Caméléon, le Poisson Volant, le Toucan.
Au siècle suivant, c'est un grand astronome français, l'abbé Nicolas Louis de la Caille, qui proposera et fera adopter le nom de 14 nouvelles constellations. Cette fois il choisi des noms très techniques et scientifiques : le Microscope, l'Octant, le Compas, l'Horloge, le Réticule, etc... et même... la Machine Pneumatique.
Plein d'infos sur Nicolas Louis de la CAILLE : ici.
La liste complète des 88 constellations actuelles peut être trouvée : ici.
Pour illustrer les différences culturelles concernant les constellations, les 2 séries d'images ci dessous représentent le ciel vu depuis la France en plein été (20 août, 23.00 locales).
La première série montrent les "images" des constellations modernes [ph. 1] mais aussi selon les mythologies arabe [ph. 2] et inuite [ph. 3] (admirez le caribou !).
La deuxième série montre la façon de "lier" les étoiles pour "faire" les constellations aujourd'hui [ph. 4], mais aussi dans l'astronomie chinoise [ph. 5] et égyptienne [ph. 6].
(c) : ces illustrations ont été réalisées avec le logiciel gratuit stellarium.
Repartons au Chili et en hiver...
La constellation star de l'hiver c'est bien sur Orion.
Chez nous elle est visible au dessus de l'horizon sud... impossible à louper. Presque tout le monde reconnaît son quadrilatère et ses trois étoiles alignées en son centre. Mais à cause de la latitude, ici, au Chili, Orion a glissé vers le Nord... elle est entre le Zénith et l'horizon... et surtout... elle est "à l'envers"...
Comme un dessin vaut mieux qu'une longue explication, voici ce qu'on voit depuis la France un 30 décembre, à 21.00 locales, en regardant vers le SUD [ph. 1] et ce qu'on voit au Chili, toujours à 21.00 locales, en regardant vers le Nord [ph. 2].
Epatant, non ?
Histoire de bien vous secouer les méninges, il faut se mettre en tête une dernière notion générale... Vous avez tous appris à l'école que le Soleil (et les autres astres) se lèvent à l'Est et se couchent à l'Ouest (pour les étourdis, ils se lEvent à l'Est et ils se cOuchent à l'Ouest) ; c'est toujours vrai au Chili (logique... la Terre tourne toujours sur son axe dans le même sens....
Mais....
Vous savez aussi qu'après s'être levés à l'Est, les astres partent vers l'ouest par le SUD... et bien dans l'hémisphère Sud... c'est par le Nord...
Arghhhh... ma tête... Bon, là, soit vous avez besoin d'aspirine, soit vous êtes comme moi et vous vous dites que c'est absolument génial de pouvoir le constater en vrai ! En tout cas, moi, j'étais comme un vrai gosse.
Mais au fait, maintenant que j'ai écrit des lignes sur des généralités astronomiques et géographiques, il serait peut-être temps de prendre ce télescope et de de commencer à regarder quelques objets, non ?
Allez, c'est partit le premier ça sera la nébuleuse d'Orion...
GENIAL SUPERBE et quel commentaire a se rouler ....par terre.
RépondreSupprimerSimone