lundi 31 mars 2014

Jour 9 : Repos + Troisième nuit d'observation (mer. 1er jan. 2014)

En ce premier jour de l'année, il est temps de prendre un peu de repos : une grasse matinée (enfin vu l'heure à laquelle je me suis couché, je ne sais même plus s'il faut appeler ça comme ça :-o). Puis, après un bon petit déjeuner, ca sera discussions, calcul d'une ou deux photos, échange avec Nadine à propos du geocaching et préparation de la nuit à venir.

La nuit sera d'ailleurs assez bizarre... des observations au début de la nuit, avec prise des photos du Petit Nuage de Magellan et de Jupiter, voir ci dessous ; puis dodo ; puis réveil à 04:50 du matin (si si) pour photographier Saturne (voir plus loin).

Le but était que tout devait être prêt pour le départ à 07:00 vers l'Observatoire Gémini (voir article suivant).


Je reviens sur les photos du ciel.

En astrophotographie, comme pour les photos « normales », on est passé au numérique ! Comme pour les photos de paysage ou du petit dernier fêtant son 5è anniversaire, cela n'a plus grand chose à voir avec les photos d'il y a 20 ans en argentique. Mais en astrophotographie, comme on essaie de capter des choses très faibles, il faut « aider » les appareils photos en travaillant (on dit en « traitant ») les prises de vues avec de nombreux logiciels.

Il existe de nombreux types de photos astronomiques, on peut citer :
  • les portions de ciel prises avec un appareil numérique sur un pied : on prend plusieurs photos de durée assez courte (sinon, on voit des traits correspondant au déplacement apparent des étoiles dû à la rotation de la Terre) et on « additionne » les photos les unes aux autres pour augmenter l'information capturée par l'appareil.
  • les mêmes mais prises avec l'appareil couplé à un télescope : on ne se sert du télescope que pour que l'appareil « suive » l'objet qu'on veut photographier : ça permet d'augmenter les temps de pose et de faire des combinaisons différentes
  • bien sûr celles prises avec un appareil numérique à travers un télescope : cela permet de capturer non pas des portions de ciel ou d'énormes objets, mais de petits objets et de les détailler.
  • les photos des planètes, de la lune et du soleil qui sont souvent faites non pas avec un appareil photo mais avec une caméra et un film ! On y reviendra.

La photo de la Croix du Sud que vous avez vu dans l'article sur le 30 décembre ou celle du Grand Nuage de Magellan de l'article du 31 correspondent au premier type : un champ d'étoiles.

Bien sur la taille du champs dépend de la focale de l'objectif. Plus la focale est grande (plus on zoome) et plus le champ est petit. Plus la focale est petite (grand angle) et plus le champ capturé sera large.

La quantité d'étoiles et de détails sur la photo vont dépendre principalement de deux choses : le temps de pose cumulé (cumulé puisqu'on fait plusieurs poses qu'on combine) et la qualité de l'optique (qualité des lentilles proprement dites et ouverture de l'objectif).

Enfin, le traitement informatique de l'image va « tout changer ». Remarque pour traiter les photos, on les prends dans un format particulier appelé « brut » et pas en format « jpg » comme vos photos de vacances !


Revenons à la photo de la Croix du Sud. Elle a été obtenue en combinant 80 prises de vue de 6 secondes chacune. On obtient donc le même résultat que si la prise de vue avait duré 8 minutes ! Pour les spécialistes, l'objectif était un 50 mm ouvert à F/1.4.

Avec une bonne qualité une photo en jpg, pèse environ 4 M octets. La même en « brut » : 20 M octets. Donc les 80 photos, ces 160 M octets de données... Comme il faut ajouter deux autres séries de photos (des toutes blanches et des toutes noires) c'est même encore plus ! Quand je pense que mon premier PC avait un disque de 10 M octets -hi hi hi-.

Le calcul de la photo "empilée" dure plusieurs dizaines de minutes avec seulement 80 photos unitaires ! On utilise un utilitaire gratuit écrit par un passionné. Y a tout de même intérêt à avoir un bon PC :-) !

Le traitement de la photo obtenue se fait à l'aide d'un logiciel type "photoshop" (encore une quinzaine de minutes pour les peu entrainés comme moi).

Et enfin les traitements de détails (toujours avec "photoshop") peuvent prendre plusieurs heures.
Je ne me suis pas encore essayé à ce type de traitement... restez à l'écoute !!!

Voici le résultat sur un troisième objet : le Petit Nuage de Magellan (comme pour son grand frère : 70 prises de vue de 6 secondes, objectif 50 mm, ouverture F/1.4) [ph. 1].



L'avantage de ce genre de prises de vue, c'est qu'on peut s'en servir pour les monter de façon différente. Par exemple, si je reprends les photos qui ont servi à faire la Croix su Sud [ph. 1], on peut prendre un autre logiciel et au lieu de les empiler, on ne les recadre pas... du coup, cela donne un petit film qui montre le "mouvement" des étoiles [film 1].
Remarque : le site du blogue passe par YouTube ce qui donne une qualité très moyenne si on met le film en plein écran. J'essaierai de trouver une solution un peu plus tard.

On peut également empiler les photos mais sans les aligner [ph. 1], dans ce cas on obtient une "trainée" pour chaque étoile.

Et si on compile les deux techniques, on obtient un film où on voit les "trainées" se construire [film 2].
Même remarque sur la qualité du film, via ce blog.




Allez zou, passons à une autre technique : la "photo" planétaire avec une caméra. Oui, oui, vous avez bien lu.

Au lieu de faire une photo, on va filmer la planète à travers le télescope.

Une fois le film capturé par la caméra, on va le traiter avec un logiciel spécialisé qui va séparer chaque image du film puis va les aligner les unes avec les autres pour obtenir une seule image fixe.

Comme toujours, on l'améliore un peu et hop...

Les photos ci-dessous montrent la caméra utilisée : une DMK41 : toute seule [ph. 1] et sur en position (sur du "gros matos") [ph. 2]. La capture des films a été faite avec un PC et le logiciel "IC Capture" [ph. 3].



Ci-après vous trouverez une capture que j'ai pu faire de Jupiter [film 1], une photo que j'en ai tirée  [ph. 1] (conseil : ne mettez pas le film en plein écran : ce site le passe sur YouTube et la définition n'est pas très bonne... ce qui compte c'est que voyez la "mauvaise" qualité du film et ce qu'on arrive à en tirer... moi je trouve ça bluffant !).

  Sur la photo, on retrouve la Grande Tache Rouge (en bas à gauche du disque). Il s'agit d'un cyclone présent dans l'une des "bandes" de l'atmosphère de la planète. Les vents y soufflent à plus de 700 km/h et sa taille est... comment dire... gigantesque... : la longueur ? 25 000 km (2 fois le diamètre de la Terre) ; sa largeur ? 12 000 km (soit le diamètre de la Terre). Il a été observé pour la première fois en 1655 et il est là depuis ! On voit aussi deux satellites des quatre gros satellites.
  Quelques chiffres sur Jupiter : C'est la cinquième planète du Système Solaire et la plus grosse.
Son diamètre est environ 11 fois plus gros que celui de notre planète.
Elle est 5.3 fois plus loin du Soleil que la Terre.
Du coup, elle fait un tour autour du soleil en environ 11.9 ans.
Elle possède 67 satellites (quand j'ai commencé l'astronomie, on en connaissait environ 15 !).
Même s'ils sont beaucoup moins impressionnants et connus que ceux de Saturne, Jupiter possède aussi des anneaux.
Particularité, habituellement (et si on excepte le soleil et la lune), il n'y a que la planète Vénus qui est plus brillante que Jupiter dans le ciel.

Plus d'informations : ici



Même chose pour Saturne [film 2, ph. 2].

  Sur la photo, on retrouve la Division de Cassini. Il s'agit du principal espace qui semble couper l'anneau en 2 (en réalité les anneaux sont beaucoup plus complexes que ça et il y a de multiples "trous" entre eux, mais celui là est le plus important). Cette "division" a été observée pour la première fois en 1675 par Jean Dominique CASSINI. Le "trou" mesure environ 4500 km de large.
  Quelques chiffres sur Saturne : C'est la sixième planète du Système Solaire et la deuxième plus grosse.
Son diamètre est environ 9 fois plus gros que celui de notre planète.
Elle est 9.5 fois plus loin du Soleil que la Terre.
Du coup, elle fait un tour autour du soleil en environ 29.5 ans.
Elle possède environ 200 satellites (quand j'ai commencé l'astronomie, on en connaissait environ 15 !), dont 150 très petits.
Particularité, sa densité est de 0.7, cela veut dire que si on pouvait la poser sur un océan d'eau... elle flotterait !

Plus d'informations : ici

Remarque : les photos sont très loin d'être des modèles de réussite, mais bon, elles ont été faites dans la précipitation (voir plus bas), avec du matériel que j'utilisais pour la première fois et c'était un premier essai !! Donc je me contente du résultat :-).

Le film de Saturne semble beaucoup plus "bougé" (ce qui donne une photo beaucoup moins nette car la planète était beaucoup plus basse sur l'horizon et il y avait donc beaucoup plus de turbulences (agitation de l'atmosphère).

N'oublions pas non plus que Saturne a un diamètre apparent plus de deux fois plus petit que celui de Jupiter...




Je termine cet article par 4 photos du site de l'Hacienda des Etoiles que nous quittons avec regret. ces trois jours sont passés à une vitesse folle. C'était un choix pour un premier voyage. Ce compromis nous a permis de découvrir plein d'autres choses, donc je ne regrette rien, mais clairement, si nous étions resté une semaine entière, il y n'y aurait pas eu une minute de trop :-).



Je remercie encore une fois Nadine et Raymond pour leur accueil chaleureux dans ce petit paradis chilien. Je n'oublierai jamais cette expérience et ce séjour.


1 commentaire:

  1. Mon article préféré! Infos sur les techniques photos, sur les astres, les vidéos, pleins de détails!
    Tu as mis la barre très haut sur celui-là!
    k

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Merci par avance pour votre commentaire.
Ne vous étonnez pas, il sera "modéré", c'est à dire lu AVANT publication.
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