Jour 4 : Cajon de Maipo (ven. 27 déc 2013)

Ce matin c'est l'expédition vers l'inconnu.

Tout le monde m'a conseillé de faire un tour dans le Cajon de Maipo.
Il semble que lorsque l'atmosphère devient trop irrespirable à Santiago, les santaguinos (habitants de Santiago) s'échappent de la ville et viennent respirer un peu d'air frais en montagne.

Le vrai but de la balade serait d'arriver aux Bains Morales (Baños Morales) presque au bout de vallée, malheureusement, les transports publics ne vont jusqu'au bout qu'à partir du premier janvier et nous sommes le 27 décembre. Tant pis, on va tenter et on verra bien jusqu'où on peut aller.

La première étape consiste à aller chercher un bus local qui part du terminus de La Florida. Rien à voir avec l'Etat du sud des Etats-Unis ; non, il s'agit juste d'un quartier situé au sud de Santiago. Une petite demi-heure de métro et nous y voici.

Deuxième mission trouver le départ du bus M 72 [ph. 1]. Après deux ou trois fausses directions, on finit par trouver. Le conducteur nous confirme en anglais (wahou) l'heure de départ (dans 5 minutes) et la destination du bus... il ne va qu'à San Jose de Maipo. C'est en gros la « capitale » de la vallée. Allez zou... avec moi... « chauffeur, si t'es champion, appui-eeee, appui-eee, chauffeur, si t'es champion, appuie sur l'cham-pi-gnon ». Non, pas la peine de lui dire, il sait faire :-).

Comme ça reste un bus, il y a beaucoup d'arrêts (toujours aussi rapides avec freinage et redémarrages sportifs), mais assez vite, on sort de la ville et on voit le paysage se transformer. Les montagnes autour sont de plus en plus présentes et il y a un peu moins de circulation.

Après 45 km, on arrive à San Jose (950 mètres d'altitude, 9 000 habitants). On descend du bus et on « tombe » littéralement sur le « bureau du Tourisme du Cajon ». Hummm. Plutôt bien fait, non ?
Ben, en réalité, il s'agit d'une épicière qui a flairé le bon filon :-o. On discute avec la señora dans un espagnol approximatif, mais ceci n'est possible qu'après la « transaction ».

En effet, il a fallut lui acheter une « carte » du cajon. PFTTTT, moi je comprends qu'elle coûte 50$, mais non, c'est 500$. Même si ça ne fait que 80 centimes d'euros, je trouve ça pas donné pour une simple impression de la carte en ligne sur le site officiel du Cajon (mais impossible de l'imprimer avant de partir de France ! Une conspiration ? Un complot ? Nous ne saurons pas!!) [ph. 2].

Bon, après avoir plaisanté du sens du business local, notre « guide » nous informe qu'on peut continuer dans la vallée et aller jusqu'à San Gabriel par un autre bus qui passe d'ici une vingtaine de minutes. Et elle nous indique un torrent près duquel on pourra se balader.

Pour occuper nos vingt minutes avant l'arrivée du bus, on fait quelques courses dans une petite épicerie. Avocats bien mûrs et quelques autres fruits feront un bon pique nique (sans oublier deux bouteilles d'eau, car le soleil tape fort).
  
On revient près du « bureau du tourisme » et on attend le bus avec quelques autres autochtones mais pas la trace d'un touriste (hummmmm, douce sensation).

Il est presque midi ; une drôle de petite dame fait son apparition : elle porte un tablier blanc et une sorte de plateau pendu autour du cou. Elle vend des « empañadas de pino ». (cf. article sur Valparaiso). Elle arrête les voitures et les piétons et finit par réaliser quelques ventes. Puis disparaît.

Notre bus arrive, on monte, on s'installe et juste avant de démarrer, la petite dame refait son apparition et monte dans le bus... mieux que le chariot de la SNCF dans les trains Corail:-). On se laisse tenter. C'est pas cher (800$, 1.20 EUR), c'est chaud et très bon:-).



Le minibus démarre pour 23 km supplémentaires, avec quelques arrêts pour déposer des locaux et quelques touristes campeurs. Petite précision, l'aération est améliorée... en roulant porte ouverte :-).

On repère, sur les cotés de la vallée, les restes d'une vieille voie de chemin de fer disparue (ponts et tunnels). La nature est de plus en plus sauvage et les les montagnes de plus en plus hautes.

Quelques recherches sur le Net, m'ont permis, après le retour en France de trouver quelques infos sur cette voie qui m'intriguait. Je n'ai pas réussi à trouver la date de fermeture de la ligne, j'ai trouvé 1985 dans un article mais un passionné dit qu'en 1981 la ligne (bien que complète) n'accueillait déjà plus de circulations. Ce qui est sûr, c'est que le train qui parcourrait cette ligne était un train militaire qui desservait la base d'El Volcan (située un peu plus loin que San Gabriel) et remontait donc toute la vallée. Ca devait être un très beau voyage. La bonne nouvelle c'est que des travaux de restauration ont commencé. Un site mentionne 7 km de voie restaurée avec des circulations !! Autour de la gare de Melocoton. Comme je n'ai pas pu faire de photos détaillées, vous pouvez vous reporter aux sites suivants : Site officiel (projet AVE FENIX): http://www.proyectoavefenix.cl/index.php?id=8 (en cliquant sur "Noticias", on peut voir un film avec une circulation du train :-) Lors d'une journée du patrimoine culturel). Pour voir un tunnel (intérieur et extérieur) abandonné, je vous conseille la 2è et 3è photo de cet article d'un blog sur le Chili : http://www.ilovechile.cl/2013/11/18/spending-election-weekend-robinson-crusoe-cajn-del-maipo/96204 Quelques photos intéressantes (notamment le viaduc encore bien visible depuis la route, celui qui a attiré mon regard) :  http://www.patrimonioferroviariochileno.cl/Ferrocarril%20de%20Puente%20Alto%20al%20Volcan.html#

On arrive à San Gabriel.

On part à la découverte du Rio Yeso, le torrent que nous a recommandé notre « guide ». Au bord de l'eau il est temps de casser une petite graine. Puis on continue la route... ça monte pas mal et le soleil est bien là : c'est une superbe journée.

On atteint les 1300 m d'altitude [ph. 1]. Au bord de la route, on repère une de ces petites constructions qui permettent de mettre quelques fleurs à la mémoire d'une personne qui a perdu la vie [ph. 2].

Un autre danger peut d'ailleurs guetter : les tremblements de terre et les éruptions volcaniques [ph. 3].

Mais oublie tout ça et on en prend plein les yeux : tout autour de nous les vues sur le torrent sont superbes [ph. 4 à 6].



On finit par rencontrer d'autres touristes (si, si, au milieu de nulle part)... des américains de Caroline du Sud. Et beh... chapeau. Eux, qui d'habitude, ne sortent jamais des sentiers battus... je suis scié:-).
On continue à explorer et finalement on fait demi tour.

Sur le retour, impossible de résister au torrent, il fait trop chaud. PLOUFF. C'est plutôt frisquet mais qu'à cela ne tienne... MOI... je me baigne:-)... suivez mon regard ! ET JE LE PROUVE !!! ((tout commentaire désobligeant me fachera définitivement avec son auteur, MDR))



De retour à San Gabriel, pas de bus avant un moment.

On se dit que c'est quand même idiot, on est arrivé à 20 km des bains officiels (qui sont des bains de boue, ce que j'ai jamais essayé). Mais le problème c'est qu'il reste 2 kilomètres de route goudronnée et 18 km de « piste »). Tant pis.

Voila quelques photos du web de ce qu'on n'a pas vu :-o [ph. 1 à 2].



Plutôt que d'attendre bêtement le prochain bus, on décide de commencer la route à pieds. Un peu plus loin... Dame Nature décide de nous offrir le quatre heures via un magnifique abricotier. Bien mûrs, bien juteux, gorgés de sucre... un régal.

Comme il reste quand même encore une petite vingtaine de kilomètres et qu'on ne voit toujours pas de bus nous rattrapper, on opte pour le stop (encore une première pour moi... si, si, … il m'aura fallu presque 45 ans et être à presque 12 000 km de la maison pour tenter, enfin, bref). Quelques échecs et puis finalement une superbe voiture de sport grise s'arrête (hi hi hi). Je vous passe le dialogue « de circonstance » et nous voilà tous les deux à l'arrière du bolide... comme dirait ma sœur « des pauvres » !!


Ca discutaille, on donne même un cours de français aux deux tourteraux qui nous lâchent a San Jose.

Le voyage de retour vers la Capitale se passe sans problème.

De retour à Santiago : métro. On expérimente le billet qui n'est plus valable entre l'achat et son utilisation 45 à 50 secondes plus tard (changement de tranche horaire), mais finalement plus de peur que de mal.

Arrivés à l'hôtel, on est tellement crevés par la marche et le soleil qu'on n'a même pas le courage de ressortir manger...